7 septembre 2016

C'est Mercredi, c'est Blog Zombie #5




Aujourd'hui dans "c'est Mercredi, c'est Blog Zombie", je reprends carrément en entier le message du 20 juillet 2013, parce que je l'aime bien, et qu'il est toujours très vrai !

Je parlais alors des différences de langage entre auteur et éditeur...

*


Avant propos : ce message cumule les expériences de plusieurs personnes.

Ami auteur, tu te demandes parfois si les éditeurs ne vivent pas sur une autre planète (ou dans un autre espace temps) ? Aujourd'hui, dans ma grande bonté, je vais me pencher sur le langage si particulier des éditeurs pour tenter de le décrypter (ne me remercie pas, ami auteur, c'est la maison qui régale).

Donc, quelques phrases peuvent arriver dans la conversation, et il se peut que ton âme de décortiqueur de mots te pousse à les prendre au premier degré. Ttttt. Grand naïf, va.

* "Ça a l'air intéressant"
Tu viens de pitcher ton roman au détour d'une allée, dans un salon du livre, à un éditeur formidable. Il te dit "ça a l'air intéressant". Tu entends "ça m'intéresse". 
Traduction réelle : "je ne peux pas me faire une idée juste sur le pitch, faut voir".

* "Ça n'est pas pour moi"
Situation similaire, mais réponse directe : l'éditeur le dit clairement, ce n'est pas un texte pour lui.
Ce que tu entends : "il faut le proposer à un autre éditeur"
Traduction réelle : "ce n'est pour personne mais je suis poli".

* "Je l'ai imprimé"
Après un premier contact, tu as envoyé le manuscrit à un éditeur. Nouveau salon, vous vous croisez et il te dit "je l'ai imprimé". Tu penses "super, il est sur le point de le lire !"
Traduction réelle : "Oh, punaise, je l'ai complètement oublié. Il faut absolument que je l'imprime quand je rentre."

* "J'ai lu le début"
Après un temps certain, tu relances l'éditeur qui te dit alors "j'ai lu le début". Tu imagines alors que c'est bon, tu auras ta réponse bientôt...
Traduction réelle : "J'ai ouvert le fichier, vu que c'était écrit en français correct, donc il faut vraiment que je trouve du temps pour le lire."
Bref, c'est pas gagné. Patience, encore un peu de patience !

* "Je reviens vers toi très vite"
Ah, ça, c'est ma préférée. Et la traduction est super facile, "je reviens vers toi très vite", ça veut dire : "relance-moi dans six mois !"

* "Il faut absolument qu'on se voit pour en parler"
Ou pas, mais je suis poli. Tant qu'aucune date n'est fixée, c'est juste de la politesse.

* "N'hésitez pas à m'envoyer autre chose"
Alors là, il y a plusieurs écoles. Les refus types gentil ("ça ne correspond pas à notre ligne éditoriale, mais n'hésitez pas à nous envoyer autre chose") : s'ils le disent à tout le monde, c'est que, de toute façon, ils lisent absolument tout ce qui leur est envoyé (= zéro valeur).
Le mail personnalisé, où la personne en face détaille un peu son refus, et encourage vivement à envoyer d'autres textes (là, ça veut dire "pas celui-là, mais peut-être le prochain").
Et, mieux encore, le coup de téléphone où on sent vraiment l'enthousiasme de l'interlocuteur (à ce moment-là, "n'hésitez pas à m'envoyer autre chose" signifie : "je vous veux dans mon pool d'auteurs / je veux travailler avec vous un jour").
Sur cette notion, je vous conseille aussi la lecture du blog d'Agnès Marot où elle en parle très bien.

* "Oui, je sais, la couverture n'est pas parfaite, mais je vais voir ce que je peux faire".
Là, on est déjà dans la phase d'après, quand le contrat est signé et que le boulot est fait. Vers la fin de la phase pré-publication, donc. Et l'éditeur qui dit "je vais voir ce que je peux faire" est sans doute de bonne foi, mais a rarement toutes les clefs pour agir vraiment (ne pas sous-estimer le pouvoir des commerciaux, ni les délais qui font dire que "ça va très bien, de toute façon on n'a plus le temps").
La traduction réelle est donc : "j'aimerais te faire plaisir, mais il va falloir te faire à l'idée que ça ne changera pas."

* "Ne te stresse pas pour le délai."
Traduction : "Pour après-demain, c'est bien aussi."




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Alors, ça vous a plu ?

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